Création dans l’espace public : les frontières entre arts visuels, architecture et design

Création dans l’espace public : les frontières entre arts visuels, architecture et design

Résumé

La conférence midi s’est tenue le mercredi 31 octobre 2018 aux centres Urbanisation Culture Société de l’INRS de Montréal et de Québec, par visioconférence. Elle questionnait l’existence des frontières entre les pratiques qui relèvent des arts visuels, de l’architecture et du design, des frontières qui tendent à s’estomper ou, du moins, à se brouiller.

Nicole Valois, professeure à l’École d’urbanisme et d’architecture de paysage de l’Université de Montréal, a discuté d’acteurs de l’art et du paysage qui ont transgressé les frontières disciplinaires, ce qui fait qu’aujourd’hui elles sont plus poreuses. Elle a d’abord cité l’apport d’architectes-artistes comme Melvin Charney et d’artistes-architectes dont Pierre Granche qui ont, au Québec, créé des chemins de traverse, à l’instar de créateurs internationaux comme Martha Schwartz et Nancy Holt. Valois a ensuite parlé du rôle des donneurs d’ouvrage qui, tant dans les politiques gouvernementales que dans les appels à projets, franchissent eux aussi ces frontières, en misant sur les collaborations entre professionnels de différentes disciplines. La professeure a enfin argumenté que les balises entre disciplines sont aussi nécessaires que leurs transgressions : s’il importe de reconnaitre ce qui singularise et définit une pratique, il faut aussi mettre de l’avant que des disciplines comme l’architecture de paysage, par exemple, alliant art, sciences humaines et sciences de la nature, sont interdisciplinaires.

https://recherche.umontreal.ca/nos-chercheurs/repertoire-des-professeurs/professeur/is/in14697/

 

Historienne de l’art, Sylvie Lacerte est directrice artistique depuis 2018 et jusqu’en 2020 du Symposium d’art contemporain de Baie-Saint-Paul. Le thème de la prochaine édition du Symposium –  Art, architecture, paysage, environnement – s’appuie notamment sur l’ouvrage The Art-Architecture Complex (2011) d’Hal Foster. Lacerte développe à cet égard l’idée d’une muséification de l’art dans l’espace public aujourd’hui. Si les liens entre art et architecture ne sont pas nouveaux, les pistes sont brouillées dans des projets d’architecture d’envergure liés à la société capitaliste comme le High Line de New York, qui comporte plusieurs commandes d’œuvres d’art temporaires. De manière complémentaire, Lacerte observe, dans le domaine de l’intégration de l’art à l’architecture, que les concours arrivent généralement en aval du projet architectural, ce qui se fait souvent au détriment de la créativité : elle précise tout de même que les concours offrent, pour les professionnels, des occasions de collaboration, qui permettent l’émergence de nouvelles formes. Parmi ces rencontres fructueuses, la commissaire a rappelé celle de Gordon Matta-Clark, formé en architecture, avec des artistes, dont Robert Smithson : l’anarchitecture de Matta-Clark, à la rencontre de l’art et de l’architecture, donne lieu à un brouillage disciplinaire qui a par la suite influencé beaucoup de travaux.

http://macbsp.com/soumissions/appel-a-projets-37e-symposium/

 

Directrice générale et artistique de Conscience urbaine, Fanie St-Michel est revenue sur son parcours et sa démarche d’artiste en milieu urbain, travaillant en collaboration avec d’autres professionnels de l’aménagement. Photographe parcourant la ville la nuit, au début des années 2000, elle a été exposée aux enjeux de sécurité urbaine, et ce, particulièrement comme femme : c’est ainsi qu’elle a voulu sensibiliser les citoyens à cet enjeu, en organisant une exposition de photographies le long de la voie ferrée. St-Michel a dès lors dû s’allier des collaborateurs, tant du monde de l’art que de l’urbain, pour convaincre les instances de la pertinence de transformer la voie ferrée en galerie d’art : c’est ainsi qu’est née l’idée de fonder l’organisme Conscience urbaine. Elle a depuis mis en place « Espace libre pour la culture »; un programme qui permet à des créateurs de diverses disciplines de mener un processus de recherche dans des terrains vacants. Enfin, St-Michel a discuté de la collaboration interdisciplinaire que son organisme mène aujourd’hui avec Petrone Architecture, entre autres dans le cadre de projets d’envergure.

https://conscienceurbaine.net/

 

Les échanges avec le public ont permis d’explorer la question des frontières disciplinaires, en mettant l’accent sur la collaboration entre les professionnels : la complémentarité des approches disciplinaires est nécessaire pour comprendre et aménager les espaces publics. Les frontières existent notamment en raison des ordres professionnels qui circonscrivent les champs de pratiques réservés à chacune des professions. L’important serait de reconnaitre l’expertise de tous les professionnels impliqués, incluant les artistes, et de mettre en œuvre des processus de travail ouverts et collaboratifs.




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